Bara Tall répond à l’ambassadeur de France : « Il n’a pas dit la vérité…Je peux réaliser l’autoroute Dakar-Thiès à 120 milliards de F Cfa »

Dans une interview accordée à Pape Alé Niang et diffusée sur le site Dakarmatin, Bara Tall est longuement revenu sur l’historique de l’autoroute à péage, avec à la clef, des révélations qui pointent un montage financier qui nous aura presque délesté des joyaux de la Couronne au bénéfice de Gérard Sénac.
Au début fut le projet d’autoroute Dakar-Thiès pour lequel Jean Lefèbvre, alors entreprise française, a réalisé, en 1972, une étude chiffrée à 12 milliards de F Cfa. Entre 1977 et 1979, le projet a été remis sur la table pour un coût de 66 milliards de F Cfa, si on se base sur les dires de l’invité de l’émission « Autour du micro ».
Le président directeur général de Jean Lefèbvre Sénégal, qui est devenu propriétaire de l’entreprise durant la période 1998-2000, a expliqué comment le président Abdoulaye Wade, l’alors président de la Banque mondiale et le directeur général du Fmi l’ont convaincu de participer à la création du Conseil présidentiel sur l’investissement (Cpi). Bara dirige alors la commission Infrastructures, alors que les trois autres commissions étaient managées par Gabriel Fall, Abdoul Mbaye (directeur e la Bst) et Makhtar Sarr (Elton, puis Aminata Niane). C’est ainsi qu’il s’est occupé de la réalisation du projet autoroutier, à la demande de l’Etat et des partenaires de celui-ci, en dépoussiérant le dossier laissé dans les tiroirs par Jean Lefèbvre.

C’est grâce à lui que le premier tronçon Malick Sy-Patte d’Oie est sorti de terre, malgré plusieurs peaux de bananes glissées sur son chemin par manque de patriotisme économique. « Déjà à l’époque on voulait écarter les entreprises sénégalaises en mettant dans le cahier des charges des conditions que les nationaux allaient difficilement surmonter », déplore-t-il. « N’empêche, on est rentrés par effraction en nous alliant aux Chinois qui avaient construit le Stade de l’Amitié. Les Chinois étaient à la tête du groupement alors que nous nous occupions de 80 % des travaux. Sans ce sacrifice, on n’aurait pas compéti. On avait soumissionné à 23 milliards alors que le groupement dirigé par Eiffage avait proposé 40 milliards de F Cfa », souligne M. Tall.

« Je peux réaliser l’autoroute à péage Dakar-Thiès à 120 milliards de F Cfa. La preuve, vous avez entendu récemment le directeur des Routes et le directeur de l’Investissement dire qu’ils vont lancer l’autoroute côtière Dakar-St-Louis à 240 milliards de F Cfa pour 195 km. C’est cela le coût réel. Pour toutes les autoroutes construites au Maroc, le km est à 2,3 milliards de F Cfa, malgré le relief fait de montagnes qui induit un coût beaucoup plus cher…. Pour la Tunisie, le coût au km tourne autour d’1,1 milliard. Pour Abidjan-Yamoussoukro c’est 1,2 milliard », compare le PDG de Jean Lefèbvre, qui regrette que la partie qui va de Pikine à Diamniadio et réalisée par Eiffage ait coûté 7,4 milliards de F Cfa le Km.

M. Tall n’y va pas du dos de la cuillère pour affirmer que lors du montage financier initial de l’autoroute à Péage (Pikine-Diamniadio, 20 km rien pour faire les routes), il avait été retenu que l’Etat du Sénégal ne déboursât aucun rond. Toutes les charges incombaient à Eiffage, qui devait « concevoir, financer, construire et exploiter ». Malheureusement, Gerald Sénac, qui n’a dépensé que 61 milliards de F Cfa, a obligé le gouvernement sénégalais à emprunter 50 milliards auprès de l’Afd et de la BAD et à libérer des caisses du Trésor public 37 milliards de F Cfa. Le tout revient à près de 148 milliards de F Cfa alors qu’il suffisait de moins de 50 milliards de F Cfa. En plus de cela, le gargantua Français profite, à titre exclusif, des retombées de l’exploitation, comme d’une avance sur paradis.

« Selon le montage financier de l’autoroute Dakar-St-Louis, les 87 milliards dépensés par l’Etat du Sénégal peuvent permettre la réalisation de Dakar-Aibd », mentionne Bara Tall.

« L’ambassadeur de France n’a pas dit la vérité. Il nous prend, nous autres Sénégalais, pour des ignorants. Ils ont gagné des centaines de milliards avant même de commencer. Les générations futures vont en souffrir », avertit le PDG de Jean Lefèbvre.

« Il n’est pas encore trop tard pour rectifier le tir dès lors qu’on parle de révision de la concession », concède, cependant, M. Tall, qui demande aux autorités d’appeler tous les acteurs autour d’une même table, d’autant que, rappelle-t-il, le combat qu’il a mené pour l’accession de Macky Sall au pouvoir interpelle sa responsabilité historique sur cette affaire.

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