LE POLE URBAIN, OUI NOUS EN VOULONS, MAIS IL NE FAUT PAS QUE L’ON REFASSE LES MEMES ERREURS QU’A DAKAR» GAYE ABOU AHMED SECK, MAIRE DE LA COMMUNE DE BARGNY

Au lendemain du Conseil interministériel tenu à Rufisque, le maire de Bargny et porte-parole de ses pairs à cette occasion, aborde, dans cet entretien, les problèmes majeurs du département et de sa commue. Un tour d’horizon qui a permis à Gaye Abou Ahmed Seck d’éplucher certains dossiers tels que la centrale à charbon, la Sococim, l’érosion côtière.

Vous avez porté la parole des élus du département de Rufisque devant la délégation gouvernementale conduite par le Premier ministre, dans le cadre du Conseil interministériel tenu à Rufisque. Quel bilan tirez-vous du Conseil des ministres décentralisé à Dakar ?

C’est un bilan très positif. D’abord, dans la démarche consistant à se rapprocher des acteurs du territoire. Dans le cas d’espèce, il s’agissait de la région de Dakar. Il y a des choses qu’on peut identifier dans le cadre d’une recherche documentaire, mais il y a un certain nombre de ressentis. Seuls les acteurs qui vivent et agissent sur le territoire peuvent sortir un certain nombre d’éléments.

261 milliards de F Cfa ont été inscrits dans le budget d’investissement triennal pour le département de Rufisque. Quelle appréciation en faites-vous ?

Nous avons beaucoup d’investissements qui ont été prévus dans notre département. Ces investissements profitent à toute la région, notamment au département de Rufisque, et en particulier, les communes limitrophes au pôle. A partir de là, il nous appartient, nous, acteurs locaux, de nous organiser, pour mettre en place une stratégie de développement économique qui permettrait à nos jeunes de trouver du travail dans le pôle. Nous l’avons évoqué devant le chef de l’État qui nous a dit de faire ce travail, et le gouvernement, au niveau national, va tout faire, pour que les entreprises prennent de la main d’œuvre locale. Juste pour dire que les 261 milliards injectés dans le pôle urbain profitent au département, et en particulier, les communes qui sont limitrophes. Il y a les communes existantes. Nous l’avons clairement expliqué au Premier ministre pour dire que le pôle urbain, oui nous en voulons, mais il ne faut pas que l’on refasse les mêmes erreurs qu’à Dakar où on a démarré avec des quartiers lotis, mais après, on a laissé s’installer dans la périphérie des habitats désorganisés qui créent, aujourd’hui, toutes les situations que nous connaissons dans la capitale.

En tant qu’environnementaliste, que préconisez-vous face à ce déséquilibre que beaucoup de personnes ont évoqué, au sortir du Conseil interministériel ?

Je l’ai dit lors du Conseil interministériel, devant le Premier ministre Mahammad Boun Abadallah Dionne. La commune de Bargny a un projet dénommé Bargny ville verte. La limite de la partie du pôle qui va, de Bargny, jusqu’à la route nationale, c’est à peu 250 hectares. Nous avons une stratégie offensive. C’est-à-dire, rapprocher la voirie du pôle urbain, pour qu’il y ait une parfaite harmonie. C’est exactement, ce qu’il faudrait faire du côté de Bambilor, de Diamniadio, du côté de Sébikotane. Et à partir de là, nous aurons, dans une large échelle, un territoire cohérent, d’un point de vue aménagement voirie réseau et services.

Qu’est-ce que la municipalité de Bargny a prévu de faire pour ne pas être en reste ?

Nous avons mis en place une maison des entreprises et de l’innovation qui va répertorier les emplois existants ou à venir. Donc, c’est à nous qu’il appartient de nous préparer et d’avoir une démarche d’animation économique, de nous rapprocher de ces promoteurs industriels, pour qu’ils puissent recruter au niveau local. C’est à nous, collectivités, de nous organiser, pour que les emplois puissent bénéficier aux locaux.

Le président de la République était en visite, le week-end dernier, à Bargny Guedji, pour constater de visu les dégâts causés par l’érosion côtière. Que peut-on retenir de cette visite de terrain du chef de l’État ?

Nous avions convenu de donner un document au président de la République en deux parties. La première partie reprend les problèmes communs aux douze communes. Et la deuxième partie s’intéresse aux difficultés de chaque commune. Nous avons présenté le phénomène de l’érosion côtière comme un problème commun avec le désenclavement d’une certaine partie du territoire, notamment les quatre C, l’insertion des projets d’État dans le tissu urbain. Voici les trois problèmes majeurs qu’on a présentés au chef de l’État comme étant un problème commun à toutes les communes. Après, chaque commune a présenté un certain nombre de projets. Il y a eu beaucoup de discussions avec le Président sur la meilleure solution. Va-t-on reloger ? De toute façon, si on reloge les sinistrés, il faut arrêter la furie de la mer. Va-t-on d’abord faire une digue, pour ensuite, engager un recasement. Mais, avec la rareté foncière, ce n’est pas évident, sachant que la question du délogement n’est pas simple. En somme, les discussions ont porté sur ça. Le président de la République a instruit le ministre de l’Environnement de convoquer les acteurs, les collectivités, les services de la direction de l’environnement et les autres acteurs concernés, pour que l’on trouve la meilleure des formules.

Bargny est une localité victime des dégâts des mines. A Rufisque, les autorités se sont plaintes de la patente qui serait modique. Quand est-il pour Bargny ?

Officiellement, l’État nous a notifié, sur la base du décret 99, que l’usine fait partie de Rufisque. Et que les carrières font partie de Bargny. Je le rappelle, il y a eu au moins 491 hectares d’exploitations dûment signés par le ministre des Mines de l’époque et attribués à la Sococim, validés par le Conseil municipal de Bargny. C’est en toute légalité que la Sococim déploie ses activités sur les terres de Bargny. Quand nous sommes arrivés à la tête de la municipalité, nous avions trouvé trois situations qui, pour nous, n’étaient pas normales. Le premier aspect, c’est le foncier. Le Conseil municipal de Bargny de l’époque a validé et l’État a validé. Mais, vu la rareté foncière, nous souhaitons récupérer un certain nombre d’espaces sur ces sites. Le deuxième élément a trait aux pollutions atmosphériques, mais aussi aux pollutions aux tirs de mines. Nous avons eu moult réunions avec la Sococim pour qu’elle utilise des mines électriques, parce que nous savons qu’il y a d’autres systèmes. Nous allons poursuivre les négociations et exiger que ces mines s’arrêtent selon un échéancier à discuter avec la cimenterie. C’est une question d’investissements, et je pense qu’elle a les moyens d’investir pour réduire les nuisances vécues par les populations. Le troisième aspect, c’est la patente. Vous savez, pour nous, c’est clair, les carrières font partie de Bargny. Mais, il n’y a absolument aucun sou qui sort de la Sococim pour entrer dans les caisses de Bargny. La première chose, c’était de définir précisément les aires où se trouvaient les installations de la Sococim. Parce que l’impôt, c’est lié à la territorialité. Je ne peux pas habiter à Bargny et payer des impôts à Rufisque. Et on a obtenu du préfet la mise en place d’une commission destinée à préciser les limites administratives des communes. Ça a été fait, et l’Etat nous a notifié que l’usine est à Rufisque, et que les carrières sont à Bargny. Le préfet a écrit à la Sococim pour leur demander de prendre connaissance de cette précision et d’en tirer les conséquences d’un point de vue fiscal. C’est un dossier qui est en cours. Nous exigeons clairement que le Code des impôts soit respecté. Les carrières sont à Bargny, par conséquent, les impôts doivent être payés à Bargny. Je sais qu’on n’aura une issue heureuse, parce que les responsables de la Sococim sont conscients de cette situation et ont envie d’avoir un rapport de bon voisinage avec Bargny.

Restons dans le domaine environnemental pour parler du dossier de la centrale à charbon. Les travaux sortent de terre. Elle va bientôt démarrer ses activités, malgré les nombreux cris de détresse des populations…

J’en ai parlé lors du Conseil interministériel. Ils ont obtenu une autorisation du Conseil municipal de Bargny. Les autorisations d’urbanisme ont été délivrées. Les études d’impact ont été faites. A partir de là, la légalité a été bien assise. A notre arrivée à la tête de l’institution municipale, une discussion a été ouverte entre les autorités de cette centrale, la Senelec et la mairie. Il y a la compensation foncière, parce que le site est un lotissement régulier attribué aux personnes victimes de l’érosion côtière. Le préfet nous a écrit noir sur blanc pour nous dire que l’État va compenser un site. Il est vrai qu’on s’active depuis avec les services du cadastre pour trouver un site. Nous avons des habitations qui sont dans la bande des 500 mètres. Nous exigeons que ces habitations soient déménagées aux frais, bien entendu, des promoteurs. Une série de réunions a été initiée avec l’Adec, la mairie, les promoteurs de la centrale, la Senelec, et tous les acteurs de la dynamique environnementale, pour clarifier, point par point, les normes qui sont appliquées. Entendons nous bien, nous sommes des légalistes, nous sommes pour le respect de la loi. Les textes disent qu’il ne faut pas qu’il y ait des habitations à moins de 500 mètres. Il faut que les promoteurs agissent en conséquence.

Eu égard à ces problèmes qui ont un dénominateur commun, l’environnement, vous avez proposé lors du Conseil interministériel, la mise sur pied d’un réseau des villes du littoral. Quel sera le rôle de cette entité ?

J’ai proposé, effectivement, au président de l’Association des maires du Sénégal (Ams), de mettre sur pied un réseau des villes côtières. On s’est promis de nous revoir très rapidement pour mettre en place ce réseau, à l’image de ce qui se fait en France. Je lui ai proposé aussi un conservatoire du littoral qui est une sorte d’agence qui est chargée de dégager la bande des 100 mètres sur tout le long de la bande du littoral. C’est les deux idées que je lui ai proposées. Un réseau des villes côtières et un conservatoire du littoral au sein de l’AMS, d’abord, et ensuite, on élargit en Afrique et dans le monde.

Oumar Guèye a été conforté dans son statut de coordonnateur de l’Apr au niveau départemental. Tandis que Homère Seck a été désigné président d’honneur de l’Apr à Rufisque. Qu’est-ce que cela vous inspire, si l’on sait que la guerre de positionnement à l’échelle départementale, a des répercussions au niveau communal, avec le fossé qui se creuse de plus en plus entre vous, Woré Gana Seck, votre 1ere adjointe, et Taha Samb,un pro Homère ?

Le Président est venu pour rencontrer ses militants et ses responsables. Des tentatives de réconciliations ont été initiées. Le Président Macky Sall a clairement expliqué que le coordonnateur départemental, c’est le ministre Oumar Guèye. Le doyen Homère a été désigné président d’honneur. Les maires Apr en place sont les coordonnateurs de « Benno bokk yakaar ». C’est le président de notre parti qui l’a dit. Moi, j’ai pour habitude de me conformer tout simplement aux consignes. Donc, je demande à notre doyen Homère, de s’inscrire dans cette dynamique de réconciliation que le président de la République nous a instruite. Qui ne respecte pas ce schéma nuit aux intérêts du parti. J’ose espérer que cet appel sera entendu par le doyen Homère, et qu’il va, en conséquence, se ranger dernière Oumar Guèye. Au niveau local, dès le lendemain (jeudi) des audiences, j’ai pris contact avec Taha Samb et Woré Gana Seck, pour leur dire que je suis dans une démarche de construction dans la ligne indiquée par le président de la République. Je n’ai pas eu de retour. Je poursuivrai mes démarches pour que toute l’équipe municipale se réconcilie pour le bonheur de Bargnois.

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