Retour sur le parcours du Mahdi, Seydina Limamou, un être, un nom, un destin

«Adjibo dahiya laye ya marsaral ins wal djin ini raasouloulahi ileykoum » («Venez à l’Appel de Dieu vous, hommes et djinns, je suis l’envoyé de Dieu»)

Tous ceux ayant marqué leur temps, et continue d’avoir une influence sur les hommes, de les inspirer, et ce, de différentes manières, dans la religion ou dans toute autre domaine sont appelés mentors, guides, ou encore références. Souvent, c’est dans sa quête de devenir meilleur qu’il était hier, dans le but de se transformer au gré des jours en la meilleure version d’elle-même, que ces guides d’influences agissent.

Seydina Limamou Laye, Baye Laye, Al Mahdi, ces noms lui sont associés autant que celui de Saint homme. Ce genre de statut, l’on le mérite pour l’acquérir. Aider les êtres à arpenter de la meilleure des manières le chemin vers Dieu, tel a été la vie du Mahdi.

En ce jour du 138e appel, replongeons dans son enfance, là-bas, sur les rives de la plage de Yoff, du haut du monticule de sable, où il lança son appel. Là-bas où tout a commencé et n’a plus jamais pris fin.

De son vrai nom Limamou Thiaw, Baye Laye est né de Mame Coumba Ndoye. Le fils d’Alassane Thiaw a vécu une enfance paisible. Pourtant, son entourage ne manqua pas de remarquer son comportement sociable, sa promptitude à rendre service, ses qualités morales, sa piété, son amour de la propreté, son hospitalité à l’égard des étrangers.

Très vite, Baye Laye grandit. Adolescent, il oriente ses activités vers la pêche et l’agriculture comme tous ceux de son milieu. Lors de la saison des pluies qui les fixe au village, il s’activait dans les travaux champêtres, tandis qu’en saison sèche, il arrivait souvent au saint homme d’aller vers d’autres rivages où le poisson mordait mieux (à Saint-Louis, en Gambie…). Il n’en est pas peu, ceux qui soutiennent qu’à l’image du prophète Mohamed (Psl), Limamou n’a fréquenté aucune école. Il est demeuré illettré toute sa vie.

A 40 ans, il dit incarner le retour du Mahdi

C’est à cet âge que sa mission de vie s’est éclaircie à ses yeux, et à ceux de tous. La perte de sa mère, a été son déclic. Déjà orphelin de père, ce déchirement a d’après ses proches, eu le don de changer la trajectoire de la vie de Mame Limamou Thiaw. Il change de cap et de philosophie.

Après trois jours de mutisme et d’isolement, que l’entourage attribua au bouleversement qu’il venait de subir, Limamou sortit un matin de dimanche 24 mai 1883, superbement drapé de trois pagnes blancs : l’un autour de la taille, l’autre sur les épaules, le troisième lui servant de turban.

Enveloppé dans ses pagnes, il déambula sur les collines, dans les ruelles et places publiques. A l’image d’un pèlerin arpentant la distance de la Mecque à Arafat, appelant à haute voix ses concitoyens, en une langue Wolof teintée d’un accent lébou : «Répondez à l’appel de Dieu, venez à moi, je suis le messager de Dieu, je suis le Mahdi qu’on attendait …. »

A cet instant, plus jamais, il n’a cessé de glorifier nuit et jour, publiquement et en privé, le Créateur Suprême, prononçant constamment ses noms et attributs.

Mais comme on dit, la vie d’un prophète n’est jamais un long fleuve tranquille. Avec ce changement subit de comportement, le saint homme s’attire les foudres de son peuple. De plus en plus, les réactions fusent de partout. Tout d’abord, ses proches parents sont sommés, par l’entourage, de soigner Limamou, considéré comme étant un malade qui mérite d’être entouré de soins. Naturellement, on pensa faire appel aux compétences des guérisseurs détenteurs d’autel de Rab.

Décidé à accomplir sa mission de divulguer la parole divine, Seydina Limamou Laye poursuivait son chemin. Avec une telle approche, les chefs coutumiers voyaient en lui, une manière de désacraliser la tradition. Ainsi, ils mettent Limamou Laye en mal avec les autorités coloniales. Elles commencent à craindre son influence. Des plans pour le déporter sont vites mis sur pied.

Le Gabon était sans succès car, l’effectif de ses fidèles commençait à avoisiner le nombre de 300. L’autorité coloniale a diligenté une enquête sur les activités. Et de là commencent les persécutions qui vont durer 3 ans.

Limamou a été emprisonné à Gorée pendant 3 mois avant de bénéficier d’un non-lieu lors de son jugement.

A chaque vie, son apogée

Une première satisfaction baigna son cœur meurtri par la vague de contestation : des membres de sa famille adhérèrent à sa doctrine.

La première personne faisant acte d’allégeance a été son épouse Faty Mbengue, mère de son fils-aîné Issa qui deviendra à sa disparition, son premier khalife. Momar Bineta Samb, fut le premier disciple de Seydina Limamou.

Après ce fut au tour de Thierno Sarr Thiom de répondre à l’appel. Ensuite, Ababacar Sylla, qui assuma durant vingt-deux ans les fonctions d’imam de la grande mosquée et de juge du Tribunal musulman de Dakar.

D’autres personnalités marquantes, sont venues de l’intérieur du Sénégal, mues par la seule puissance de leur vision spirituelle ou par l’attraction irrésistible qui s’exerçait sur les esprits, la réputation grandissante de Limamou. Parmi elles, d’éminents grammairiens, des exégètes du coran, des interprètes coloniales, entre autres. Et, de là, partit une série d’adhésion sans fin.

Il combat comme les Rab

Le succès grandissant de Limamou ne pouvait laisser indifférents les maîtres et maîtresses du culte des ‘Rab’. Non seulement il condamnait les pratiques de ce culte, mais encore, des malades que les ‘Rab’ ne parvenaient pas à soigner avec succès, guérissaient lorsque Limamou leur imposait ses saintes mains.

L’inquiétude grandissait chez les officiants du culte des Rab, puisqu’ils constatent que Limamou ne se contente pas de combattre par la parole et par sa puissance spirituelle ce culte et ses serviteurs. Il va plus loin, en faisant agir ses adeptes, qui détruisent la fameuse «pierre fétiche» de Mpal (un village 33 km de la ville de Saint-Louis). Cette «pierre fétiche» s’appelait Mame Kantar, objet d’un culte païen.

Avant sa disparition en 1909, à l’âge de 66 ans, Seydina Limamou laisse un livre, divisé en six parties et connu sous le nom de Sermon, qu’il demande à ses serviteurs de transmettre.

Le parcours terrestre du Mahdi fait méditer sur cette pensée de Gandhi : « Ma vie est mon message. »

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