Le président guinéen a pris le relais de son homologue tchadien Idriss Déby à la tête de l’organisation panafricaine. Durant une année, Alpha Condé va assurer la gestion de plusieurs dossiers chauds qui dominent l’actualité du continent et qui lui permettront de mettre à l’épreuve sa nouvelle casquette de médiateur, un rôle qu’il a pour l’heure réussi avec brio à l’occasion de la crise gambienne.
C’était attendu mais le chef d’Etat tchadien Idriss Déby Itno a lâché un peu vite le morceau. Le président guinéen Alpha Condé a en effet pris, à partir de ce 30 janvier, la présidence tournante de l’Union africaine à la suite « d’une brillante élection » selon le président sortant qui s’exprimait à l’ouverture, de lundi à Addis Abeba, du 28e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA).
En fait d’élection, il s’agit plutôt d’un passage de témoin puisque la présidence tournante de l’organisation continentale devrait revenir à un chef d’Etat ouest-africain selon les règnes tacites en vigueur. La candidature d’Alpha Condé a été validée, en décembre dernier à Abuja, par les chefs d’Etat de la CEDEAO à l’occasion du 50e sommet de l’organisation sous-régionale.
Le chef d’Etat guinéen entame ainsi un mandat d’une année avec des dossiers assez chauds qui l’attendent comme il l’a lui-même reconnu dans le discours d’intronisation qu’il a prononcé peu après l’annonce de son élection. « La grande majorité de la population continue de souffrir de la pauvreté, du chômage, des crises de natures diverses, y compris le terrorisme, l’immigration, les maladies, privant notre continent de bras et de cerveaux pouvant probablement continuer à son développement », a déclaré Condé du haut de la tribune de l’Africa Hall.
Conscient de la tâche qui l’attend, le nouveau président en exercice de l’UA a estimé, par conséquent, « qu’il est donc de notre responsabilité commune d’améliorer les conditions de vie des jeunes en quête de lendemains meilleurs en dehors du continent et de mettre fin à leurs aventures suicidaires à travers le Sahara et les eaux de la Méditerranée ».
Outre la crise libyenne et les différents conflits qui affectent plusieurs pays du continent en particulier la multiplication des foyers terroristes, le nouveau président en exercice de l’UA va devoir s’atteler à la gestion de certaines crises politiques latentes notamment en RDC, au Burundi, en Gambie, ou même au Gabon et au Congo.
Capital « bissau-guinéen »
Auréolé du succès de la dernière chance qu’il a conduit en Guinée Bissau, l’ancien opposant à Sekou Touré qui est à son deuxième mandat à la tête de son pays, va devoir user de toute son influence pour tenter d’apaiser les tensions qui couvent sous le feu dans différentes régions du continent.
Il devra également superviser la mise en œuvre de nouveaux chantiers inaugurés par l’UA, notamment l’action de la Force africaine en attente (FAA) et la réforme institutionnelle de l’organisation dont la feuille de route a été balisée par le chef d’Etat rwandais Paul Kagamé. Ce dernier a d’ailleurs remis le rapport qu’il a supervisé et qui a été réalisé par un groupe d’experts pour une gouvernance plus efficace de l’organisation avec en toile de fond, de doter l’UA des moyens financiers nécessaires à son fonctionnement.
« Au-delà de l’intégration de nos Etats, nous devons réussir celle de nos peuples » et « l’Union africaine ne serait justifier son existence si elle n’arrive pas à améliorer la vie des populations ». Alpha Condé
Comme président de l’UA, Alpha Condé va également s’approprier la poursuite de la mise en œuvre de l’agenda 2035 de l’organisation ainsi que le processus pour l’instauration d’une zone de libre-échange africaine.
D’autres dossiers, comme la gestion de la problématique migratoire ou la fronde de certains pays africains contre la CPI, seront également au menu du mandat d’Alpha Condé qui va également garder une attention particulière aux différents cycles électoraux prévus dans plusieurs pays cette année