Aliou Sall ne cesse d’être au centre des polémiques de toutes sortes depuis l’arrivée de son frère à la magistrature suprême. Attaqué par l’opposition dans le cadre du dossier de Pétro-Tim, société dont il est employé, voilà que curieusement, dans son propre camp, il fait l’objet de tirs ciblés. Le député Seydina Fall ou Boughazily l’accuse de procéder à des achats de conscience dans son fief de Guédiawaye et de distribuer de l’argent à tort et à travers et des véhicules dans le souci d’être dans les bonnes grâces des électeurs. L’ancien ministre Bamba Ndiaye, aujourd’hui embrigadé dans le ‘’Grand Parti’’, a saisi la balle au rebond pour solliciter tout simplement que le Procureur s’autosaisisse en arrêtant le Maire car « son maigre salaire » ne lui permettrait pas de détenir un tel budget de guerre. En somme, il s’agit de mettre le feu aux poudres afin que d’attirer davantage l’attention sur le cas Aliou Sall. Et la tactique n’est pas nouvelle. La plainte annoncée de l’opposition contre Frank Timis, son employeur, les révélations antérieures de Me Wade sur ses connexions dans le milieu du pétrole, les remarques sur le fait qu’il dirige l’Association des Maires du Sénégal, la polémique née sur le supposé projet de lui réserver le poste de Président de l’Assemblée nationale, et bien d’autres polémiques de ce genre, en disent long sur le fait qu’Aliou Sall est devenu le ventre mou « du Macky ». Ceux qui veulent avoir la paix du Président Sall, passent souvent par son frère Aliou qui s’en défend en disant que pour cette raison, il ne va attendre qu’il y ait un autre régime pour travailler. Se défendant en arguant qu’il peut même créer une usine nucléaire, le frère du Président ne peut pas ignorer que ce sont les attaques contre Karim Wade et les supposés projets de dévolution monarchique qui ont finalement eu raison du régime de Abdoulaye Wade. Les histoires de dynastie et de monarchie sont aux antipodes des projets démocratiques. Et les citoyens sénégalais sont très sensibles aux arguments dénonçant toute velléité de de transmission du pouvoir par la fibre familiale. C’est pourquoi l’opposition joue à fond cette carte. Parce qu’elle sait qu’elle est porteuse. Et dans cette guerre de communication, il importe à ne pas prêter le flanc. Or, on parle trop d’Aliou Sall comme si il était le seul membre de la famille présidentielle à être aux affaires. Ce qui est loin d’être le cas. Les Timbo, Mansour Faye et bien d’autres se font moins remarquer. Et c’est la meilleure manière, pour eux, de rendre service au Président Sall. Il est important ainsi qu’Aliou revoie ses ambitions à la baisse au risque d’être accusé de profiter du statut de son frère. Ce dernier est déjà accusé de clientélisme politique avec ce que cela comporte comme danger du fait d’une opinion publique très alerte et prompte à sanctionner. Me Wade parti, nous pensions que les hommes politiques s’étaient déjà fait une religion sur le fait que la promotion des parents, épouses, beaux-parents, amis, etc. est une façon, pour eux, de se tirer une balle dans le pied. Les anciens Président Senghor et Diouf n’ont pas brillé par ses types de promotion. L’exemplarité de leur démarche doit servir de viatique à leurs successeurs qui, en s’écartant de cette voie, ne font que s’engouffrer dans des impasses politiques avec ses conséquences néfastes sur la marche du pays. Il est aussi important que les acteurs politiques fassent preuve de moins d’ostentation dans la manipulation qu’ils font de l’argent destiné à leurs électeurs. Toutes ces stratégies ont été testées et épuisées par Me Wade qui n’en a pas moins été vaincu.
Assane Samb |