Pour le quatrième vendredi consécutif, les Algériens étaient dans la rue pour contester le pouvoir en place, à l’issue d’une semaine qui a vu le président Abdelaziz Bouteflika reporter l’élection présidentielle en Algérie, proroger son mandat et proposer un plan de réformes aussitôt critiqué.
La police algérienne a annoncé dans la soirée que 75 manifestants avaient été arrêtés et que 11 policiers avaient été blessés.
Le nombre exact de manifestants à Alger est difficile à établir, ni les autorités ni les protestataires ne communiquant de chiffres. Mais la mobilisation est au moins similaire à celle du vendredi précédent, jugée exceptionnelle par les médias et analystes algériens. De leur côté, les correspondants de Reuters ont estimé la participation à des centaines de milliers de personnes dans le centre de la capitale.
« On voulait des élections sans Boutef, on se retrouve avec Bouteflika sans élections », peut-on lire sur une pancarte à Alger.
Âgé de 82 ans, Abdelaziz Bouteflika est affaibli par les séquelles d’un AVC qui l’empêchent de s’adresser aux Algériens depuis 2013 et rendent ses apparitions publiques rares.
La contestation a été déclenchée le 22 février après la décision du chef de l’État de briguer un cinquième mandat. Face aux manifestations réclamant qu’il renonce à sa candidature, il a finalement repoussé la présidentielle jusqu’à l’issue d’une Conférence nationale devant réformer le pays et élaborer une nouvelle Constitution.
« L’Élysée, stop ! »
C’est une nouveauté : de nombreuses pancartes à Alger fustigeaient la France, ancienne puissance coloniale, et son président Emmanuel Macron, qui a « salué la décision du président Bouteflika », tout en appelant à une « transition d’une durée raisonnable ».
« C’est le peuple qui choisit, pas la France », proclame une grande banderole. « L’Élysée, stop ! On est en 2019, pas en 1830 », date de la conquête de l’Algérie par la France, rappelle une pancarte.