Inculpé sur la base de délits de droits communs : pourquoi Khalifa Sall préfère la Crei à la Correctionnelle

Personne n’a parlé de Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), sauf, bien sûr, Khalifa Sall lui-même. A moins d’une méconnaissance par le Maire de Dakar de la nature des Chefs d’inculpation qui lui sont notifiés et le tribunal compétent, ce qui nous aurait étonné, nous nous sommes demandé, à juste titre, pourquoi le Maire de Dakar a invoqué cette cour spéciale alors qu’il est poursuivi sur la base de délits de droit commun.

Contrairement à Karim Wade dont c’est le patrimoine qui était visé, dans ce qui sera l’Affaire Khalifa Sall, c’est sa gestion qui est remise en cause. D’ailleurs, si la Procédure était enclenchée par la Crei, ce serait le Procureur spécial qui serait saisi et la Commission d’instruction de cette cour.

Ici, ce qui est reproché à Khalifa Sall, c’est l’escroquerie sur les fonds publics, le détournement de deniers publics et faux et usage de faux. Des chefs d’inculpation qui relèvent de tribunaux correctionnels car il s’agit de délits ne dépassant pas 10 ans d’emprisonnement ferme.

Khalifa préfère-t-il vraiment la Crei au tribunal correctionnel ? Cela semble être le cas, à l’état actuel du dossier, c’est fort peu probable qu’il y soit traduitCe faisant, il est en train de répondre à des questions qui ne lui sont pas du tout posées. La Crei n’étant nullement impliquée dans son dossier. Ce faisantkhalifa démontre qu’il est prêt à justifier de l’origine de son patrimoine au lieu de voir justifier des dépenses faites sur la caisse d’avance.

Il semble être logique avec lui-même, lui qui avait déjà dit qu’il ne donnera jamais les noms de ses bénéficiaires. Cela peut être aussi une façon de ne pas devoir justifier de la traçabilité des dépenses effectuées, laquelle serait inexistante ou serait fausse comme le prétend le Procureur.

En tout état de cause, le Maire de Dakar semble avoir pris conscience du fait que c’est son patrimoine qui pose problème. Un vrai budget de campagne ou de guerre politique. Il est en train de reconnaître ne pas être pauvre du tout et commence à justifier son patrimoine en parlant de consultance, notamment sur le plan international.

En tout état de cause, c’est la première fois dans l’histoire du Sénégal qu’un responsable appelle volontairement à être traduit devant la CreiOr, il semble oublier que c’est choisir entre le mal et le pire. La Crei est loin d’être une échappatoireC’est plutôt un purgatoire. Cette machine judiciaire, inventée par le Président Diouf, mérite d’être dépoussiérée afin d’en extraite tout ce qui est attentoire aux droits élémentaires d’es citoyens amenés à y comparaitre.

La Crei s’impose comme la meilleure arme de destruction contre des adversaires politiques. Elle consacre le renversement de la charge de la preuve, foule au pied la présomption d’innocence, respecte peu les droits de la défense et ne consacre pas un double degré de juridiction. Pis, elle permet à l’autorité de faire main basse sur les biens du prévenu, parfois d’une manière conservatoire.

C’est donc elle qui pose problème, Khalifa a manifestement fait fausse route. C’est dire que le Maire de Dakar est vraiment désespéré. Pris dans le bourbier de la caisse d’avance, il a exprimé, lors de sa conférence de presse, l’attitude d’un homme profondément blessé. Resté dans une attitude républicaine jusqu’ici, il mérite que des bonnes volontés s’activent pour trouver la solution qui ne peut être que politique à une situation qui ne l’est pas moins.

Une décision judiciaire pourrait être catastrophique de conséquence.

Les déclarations de Robert Sagna nous réconfortent dans le fait que tout n’est pas perdu. Dakar ne peut pas perdre son Maire du fait du décalage entre les textes sur la caisse d’avance et les pratiques de tous ses prédécesseurs Maires.

Alors, au lieu de laisser le pays entrer dans une période d’instabilité qui nous divertirait des défis majeurs, il serait important et même vital de ne pas obliger des hommes de la trempe de Serigne Moustapha Sy d’investir encore le champ politique, à leur manière.

Sa promesse de rejoindre Khalifa Sall en prison, si jamais il y était conduit, n’est pas à prendre à la légère. Certes les pressions sur la Justice ne sont pas acceptables, mais il faudrait les condamner d’où qu’elles viennent. Il ne faudrait pas que ce pays soit pris en otage par des hommes politiques seulement préoccupés par le fait de gagner des élections. Le peuple souffre assez comme ça pour ne pas avoir à en rajouter.

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