Lundi, les Etats-Unis inaugureront en grande pompe leur ambassade à Jérusalem, et mardi, les Palestiniens commémorent la « Nakba », la « catastrophe » qu’a représentée pour eux la proclamation d’Israël…
C’est une semaine lourde de tensions et de menaces qui s’annonce au Proche-Orient. Les Etats-Unis doivent inaugurer ce lundi à Jérusalem leur ambassade en Israël, réalisant la promesse controversée de Donald Trump, au risque d’enflammer les passions des Palestiniens qui pourraient protester massivement dans les Territoires, surtout à Gaza.
Premier acte : des dizaines de milliers d’Israéliens ont marché dimanche à Jérusalem, dans un climat de fierté nationale. Agitant les drapeaux frappés de l’étoile de David, chantant et dansant au son de musiques populaires et de Toy, le titre vainqueur de l’Eurovision la veille, les marcheurs, essentiellement des jeunes nationalistes religieux, ont rallié le Mur des Lamentations, lieu sacré du judaïsme, à travers les rues de la Vieille ville. Ils célébraient l’anniversaire de la prise de Jérusalem-Est par l’armée israélienne en 1967, qualifiée de « réunification » de la ville par les Israéliens.
Les Palestiniens dénoncent une « provocation »
Lundi, les Etats-Unis inaugureront en grande pompe leur ambassade à Jérusalem, en présence d’Ivanka Trump et de Jared Kushner, fille et gendre et conseillers du président américain, coïncidant avec le 70e anniversaire de la création d’Israël en 1948.
Une « provocation » pour les Palestiniens, alors que la date choisie précède de vingt-quatre heures les commémorations de la « Nakba », la « catastrophe » qu’a constitué la création d’Israël pour des centaines de milliers d’entre eux chassés ou ayant fui de chez eux en 1948. Des milliers de Palestiniens de la bande de Gaza sous blocus pourraient marcher en direction de la frontière israélienne avec, pour certains, l’intention proclamée de tenter de forcer au péril de leur vie la barrière de sécurité.
Le chef d’Al-Qaïda a appelé dimanche au djihad contre les Etats-Unis
Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, le mouvement islamiste à la tête de la bande de Gaza, s’est rendu dimanche en Egypte où il doit s’entretenir avec le chef des services de sécurité égyptiens. Des rumeurs font état d’une tentative du Caire de parvenir à un accord avec le Hamas pour réduire le niveau des violences lors des manifestations attendues lundi. Les dirigeants du Hamas ont accordé publiquement leur soutien aux tentatives des manifestants de forcer la barrière de sécurité et de pénétrer en Israël malgré les risques d’un bain de sang.
Le chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a par ailleurs appelé dimanche au djihad contre les Etats-Unis affirmant que la décision de Washington était la preuve que les négociations et « l’apaisement » n’ont pas servi aux Palestiniens.
Des milliers de Palestiniens rassemblés le long de la frontière avec Israël
La police a dit mobiliser un millier d’hommes pour sécuriser l’ambassade et ses alentours, pavoisés de la bannière étoilée et d’affiches proclamant « Trump Make Israel Great Again ». Etat d’alerte élevé aussi dans et autour des Territoires palestiniens. L’armée a annoncé qu’elle allait pratiquement doubler ses effectifs combattants autour de la bande de Gaza et en Cisjordanie.
Dirigée par le mouvement islamiste Hamas, Gaza est sous blocus israélien depuis plus de dix ans. La Cisjordanie, distante de quelques dizaines de kilomètres, est occupée par l’armée israélienne depuis plus de 50 ans. Gaza est depuis le 30 mars le théâtre d’une « marche du retour » qui voit des milliers de Palestiniens se rassembler le long de la frontière avec Israël. Il s’agit pour eux de revendiquer le droit de retourner sur les terres dont ils ont été chassés ou qu’ils ont fuies en 1948, et de dénoncer le blocus.
Les forces israéliennes redoutent que, dès lundi et les jours suivants, les Palestiniens ne cherchent à forcer la frontière. Depuis le 30 mars, 54 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne à Gaza.