Un accord sur les migrations trouvé au sommet de l’Union européenne

Italian Prime Minister Giuseppe Conte leaves a European Union leaders summit in Brussels, Belgium, June 29, 2018. REUTERS/Eric Vidal

Rome bloquait depuis jeudi soir l’adoption de déclarations communes, réclamant aux autres Etats qu’ils répondent d’abord à ses demandes sur ce sujet.

Neuf heures de négociations et un accord au petit matin. Les Vingt-Huit dirigeants de l’Union européenne (UE), réunis en sommet à Bruxelles, sont parvenus à s’entendre sur le dossier migratoire au bout de la nuit, vendredi 29 juin vers 4 h 30, a annoncé le président du Conseil européen Donald Tusk.

L’objectif affiché est de mieux protéger les frontières du bloc et renforcer les règles d’accueil, a expliqué, vendredi, le président français Emmanuel Macron : « La coopération européenne l’a emporté (…). La solidarité que nous devons aux premiers pays d’entrée a été actée lors de ce sommet. »

« Plates-formes de désembarquement » et centres « contrôlés »

Les Vingt-Huit vont continuer à travailler sur une réforme de la convention de Dublin, censée instaurer un partage plus équitable des réfugiés, mais sa conclusion n’est pas fixée.

Ils se sont mis d’accord sur la création de centres d’accueil sur le sol européen, sur la base du volontariat et pour se pencher sur l’instauration de dispositifs d’accueil situés en dehors de l’UE, montrent les conclusions publiées vendredi.

Le concept de « plates-formes de désembarquement » des migrants hors de l’UE est emprunté au Haut-Commissariat pour les réfugiés de l’ONU. Il est toutefois encore vague. Ces centres pourraient se situer dans des pays d’Afrique du Nord. On ignore si ces derniers accepteront – la Tunisie et le Maroc ont déjà dit non.

Les Européens ont également décidé de renforcer leurs frontières extérieures, notamment en augmentant les aides à destination de la Turquie et de l’Afrique du Nord, afin d’éviter de renouer avec des flux comparables à ceux que l’Europe avait enregistrés en 2015.

Les dirigeants se sont aussi entendus pour instaurer un système« volontaire » de centres dits « contrôlés », en Europe, avec l’objectif de tenter de gérer de manière moins chaotique les futurs bateaux arrivant de Libye et entrant dans les eaux internationales et que, dans le respect du droit de la mer, les Européens se doivent de secourir.

Dans ces centres, une distiction serait faite « rapidement » entre migrants irréguliers à expulser et demandeurs d’asile légitimes, qui pourraient être répartis dans l’UE, là aussi « sur une base volontaire ».

C’est cette esquisse de « hot spots » de nouvelle génération, sur laquelle les Vingt-Huit ont buté pendant des heures. Mais sans qu’aucun pays, et surtout pas la France ou l’Italie, ne se soient portés candidats pour en établir sur leur territoire.

L’accord appelle aussi les Etats membres à « prendre toutes les mesures » internes nécessaires pour éviter les déplacements de migrants entre pays de l’UE, ces « mouvements secondaires »convergeant souvent vers l’Allemagne, où ils sont au coeur du débat politique qui fragilise Angela Merkel.

Blocage de l’Italie

En première ligne depuis l’ouverture du sommet, le président du conseil italien Giuseppe Conte s’est félicité de son issue et a dit constater que Rome n’était plus « seul ». Son pays décidera ultérieurement de se doter ou non de centres d’accueil.

Moins enthousiaste, la chancelière allemande Angela Merkel a jugé que le texte européen était positif tout en soulignant que les divergences persistaient au sein de l’Union.

L’Italie bloquait depuis jeudi soir l’adoption de déclarations communes en réclamant aux autres Etats membres qu’ils répondent d’abord à ses demandes sur la question des migrants. Une initiative rare qui illustre les profondes divisions au sein de l’UE.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici