La CPI libère l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo sous conditions

La Cour pénale internationale a libéré sous conditions vendredi l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et son ancien ministre Charles Blé Goudé. Les deux hommes doivent être remis à un État qui acceptera de les accueillir.

Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye ont enfin rendu leur décision. Ils ont ordonné vendredi 1er février la mise en liberté conditionnelle de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et de l’ex-chef de file des Jeunes patriotes, Charles Blé Goudé.

« La Chambre d’appel a décidé à l’unanimité l’ajout d’un ensemble de conditions qui assortissent la mise en liberté » de Laurent Gbagbo, dont l’obligation de résider dans un État membre de la CPI en attendant un éventuel procès en appel, a déclaré le juge président de la CPI, Chile Eboe-Osuji.

Pour Florent Geel, directeur Afrique de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), « c’est une décision juste et mesurée suite à leur acquittement et en attendant leur procès en appel ».

« Ces conditions sont imposées pour protéger l’intégrité du processus judiciaire », indique la CPI dans un communiqué, sans en donner les détails pour le moment. Les juges n’ont notamment pas précisé le nom du pays qui accueillerait Laurent Gbagbo, ni si un retour de l’ancien président dans son pays était envisageable.

Retour en Côte d’Ivoire

« On attend de voir les conditions que la CPI va imposer à cette libération, mais si ces conditions n’empêchent pas Laurent Gbagbo de se rendre en Côte d’Ivoire, il prendra attache avec le pouvoir en place pour voir dans quelles conditions il devrait s’y rendre », a indiqué Georges Aka, secrétaire national du Front populaire ivoirien en Europe, à France 24.

La Côte d’Ivoire est bien un des États membres de la Cour. Toutefois, ce pays a refusé de remettre à la CPI Simone Gbagbo, épouse de l’ancien président, malgré un mandat d’arrêt délivré en ce sens. La Cour, qui siège à La Haye, pourrait donc refuser le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire dans l’attente d’un éventuel procès en appel.

Vendredi matin, au début d’une journée haletante, l’accusation avait déclaré être prête à accepter la mise en liberté de l’ancien président ivoirien et de Charles Blé Goudé, ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes, à condition qu’il leur soit interdit de rentrer en Côte d’Ivoire.

Crimes contre l’humanité et crimes de guerre

Poursuivis pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, l’ancien chef de l’État et son allié Charles Blé Goudé avaient été acquittés en janvier par la CPI mais leur mise en liberté avait été différée dans l’attente de l’examen d’un appel déposé par le parquet.

L’accusation craignait que les deux hommes ne se présentent pas devant la Cour dans le cas d’un procès en appel, et souhaitait que les deux hommes remettent leurs passeports et soient remis à la garde d’un pays proche des Pays-Bas où siège la CPI.

L’acquittement de Laurent Gbagbo intervient à une période sensible en Côte d’Ivoire, à l’approche de l’élection présidentielle de 2020, alors qu’Alassane Ouattara n’a pas dévoilé ses intentions.

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