Malgré une croissance économique satisfaisante, l’Afrique crée toujours aussi peu d’emplois

MIAMI, FL - MAY 02: People looking for work stand in line to apply for a job during a job fair at the Miami Dolphins Sun Life stadium on May 2, 2013 in Miami, Florida. If voters approve a hotel tax hike to fund stadium renovations the jobs would be available. If not, the Dolphins management is indicating they would not be able to renovate the stadium nor create the jobs. (Photo by Joe Raedle/Getty Images)

Au Ghana, ces dernières années, pendant que la croissance s’affichait à 2 chiffres, le chômage augmentait de 12%. Le continent africain a produit, durant la dernière décennie, des statistiques de croissances parmi les plus fortes du monde, sans grand impact, hélas, sur l’emploi.

Dans le World Employement and Social Outlook – Trends 2019, l’Organisation internationale du travail (OIT) dresse un bilan de l’emploi sur le continent africain. D’après l’étude, l’Afrique compte 764 millions de personnes en âge de travailler, soit 59% de sa population totale.

Le rapport indique également que 63% de cette population participe au marché de l’emploi, dont seulement 4,3% est formellement au chômage.

Cependant, l’OIT indique que ces chiffres, loin de refléter un bon fonctionnement du marché du travail, cachent une réalité bien plus sombre. La majeure partie des africains en âge de travailler, est employée par le secteur informel caractérisé par des emplois de mauvaise qualité. « Une proportion non négligeable de la population active travaille donc dans des conditions caractérisées par l’insécurité, les bas salaires et l’absence de protection sociale, c’est-à-dire dans des activités telles que le travail pour compte propre et l’emploi familial, qui représentent ensemble environ 68 % de l’emploi total dans la région » indique le rapport.

« Les activités telles que le travail pour compte propre et l’emploi familial représentent ensemble environ 68 % de l’emploi total dans la région. »

En moyenne, 86% des emplois en Afrique sont dans le secteur informel. Cela est dû au fait que le modèle de croissance africaine actuel continue de reposer essentiellement sur les secteurs traditionnels à faible productivité, l’exportation de produits de base et les dépenses publiques. L’absence de systèmes de sécurité sociale performants sur le continent contribue également à exacerber cette situation.

Au Ghana, par exemple, la croissance de ces dernières années a été assez soutenue grâce aux exportations de matières premières agricoles et d’hydrocarbures (14% en 2011, 9,3% en 2012 et 8,4% en 2017). Pourtant cette croissance n’a pas empêché le taux de chômage de grimper à 11,9% d’après les chiffres du Ghana Labour Force Survey, publié en 2017. Selon le même document, plus de 90% des Ghanéens ayant un emploi travaillent dans le secteur informel.

A défaut de disposer d’emplois de qualité, la plupart des Africains, (surtout ceux au sud du Sahara) en âge de travailler préfèrent donc se tourner vers des emplois à risque et mal payés.

« Les taux d’informalité dans la sous-région sont élevés, en partie parce que l’économie informelle sert de tampon en fournissant des emplois de dernier recours à de nombreuses personnes en âge de travailler qui sont confrontées à la nécessité économique de faire un travail pour satisfaire leurs besoins fondamentaux et ceux de leur famille » souligne l’OIT.

Sur le continent, les salariés sont encore minoritaires, représentant moins d’un travailleur sur trois (28%) de l’emploi total. Cette proportion est toutefois considérablement plus élevée en Afrique du Nord (68,6 %) qu’en Afrique subsaharienne (22,4 %).

Une faible productivité

Le modèle de la croissance économique africaine, affaiblit également la productivité de sa force de travail. D’après l’OIT, la productivité de la main d’œuvre africaine n’a crû que de 1% sur le continent en 2018, un taux bien en dessous de la moyenne mondiale de 3,1%. D’un point de vue régional, c’est l’Afrique subsaharienne qui affiche le plus faible taux avec 0,6 % contre 2,5 % en Afrique du Nord. Le manque de diversification des économies fortement dépendantes du secteur primaire, contribue à accentuer ce phénomène.

Dans la sous-région, l’agriculture comptait encore pour 55% des emplois créés en 2018, et pour près de la moitié des emplois créés entre 2000 et 2018. Bien que la croissance de la production par travailleur devrait redevenir positive après deux années consécutives de recul, elle devrait rester plutôt en dessous des normes internationales. En effet, la croissance annuelle de la productivité du travail en Afrique subsaharienne devrait s’établir en moyenne à 1 % sur la période 2018-2021, contre 2,5 % au niveau mondial. Cela contraste avec les chiffres de la croissance élevée prévue pour la région qui se situent à 3,5% en 2019 et 3,6% en 2020 selon le FMI.

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