Ismaïla Madior Fall : «Il nous faut aménager des peines de substitution»

A peine installé dans ses nouvelles fonctions, le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall veut reformer le secteur. Dans cette perspective, le Garde des sceaux a effectué une tournée de prise de contact dans les différents établissements pénitentiaires de Dakar, ce 12 Octobre. «C’est une visite qui s’inscrit dans la séquence des visites de prise de contact que nous avons voulu avec les directions et services du ministère de la justice. Il était d’abord question de venir s’enquérir des conditions dans lesquelles vivent les détenus. Mais aussi il est question de venir constater les conditions dans lesquelles travaille l’administration pénitentiaire», a déclaré le garde des sceaux, Ismaïla Madior Fall.

10.047 prisonniers pour 14 millions d’habitants

«Notre première impression est que les établissements pénitentiaires du Sénégal sont pour l’essentiel sur des standards très importants. Il y a des choses extrêmement importantes et positives qui se font et qui ne sont pas très connues. Par exemple, beaucoup de nos compatriotes ne savent pas que nous n’avons que 10.047 prisonniers pour 14 millions d’habitants. Nous avons 37 établissements pénitentiaires sur l’ensemble du territoire et 8 centres pénitentiaires dans la région de Dakar. Nous avons vu ce qui se fait comme réalisation et nous avons pu voir ce qui se fait comme aménagement des prisons, entretien des prisons», ajoute-t-il au terme de sa tournée.

Selon le ministre, “les prisons sont bien entretenues”. “Il y’a un relatif confort en ce qui concerne l’alimentation des prisonniers. Nous avons pu visiter les magasins, les réfectoires et dans l’ensemble, nous avons vu que l’alimentation des prisonniers est une affaire presque réglée. Nous avons vu également qu’il y a beaucoup d’aménagements qui sont faits pour que les pensionnaires de ces établissements soient dans de bonnes conditions. Nous avons aussi remarqué qu’il y a beaucoup d’initiatives qui sont prises en matière de réinsertion sociale des détenus. Nous avons eu à visiter la boulangerie et le Sénégal est le seul pays en Afrique au sud du Sahara qui compte une boulangerie pour un établissement pénitentiaire», se réjouit-il.

L’équation de la surpopulation carcérale

Cependant, le ministre de la Justice estime qu’ il y a des défis à relever. “Par exemple, il y a encore dans notre pays une relative surpopulation dans les prisons. C’est pour ça que l’option a été prise par le Président de la République de construire une extension de la prison de Rebeuss à Sébikotane avec 500 places qui vont être aménagées. Il y a aussi le projet de construction d’une nouvelle prison de 2000 voire 2500 places. Il y a aussi des défis liés aux longues détentions. Il y a des prisonniers qui peuvent faire un certain nombre de temps, plus d’une année, sans être jugés, que ce soit en première instance ou en appel. Ça reste un défi à relever. Il faut arriver à réduire la durée des détentions», indique-t-il.

Le ministre pense que parfois des gens se retrouvent en prison pour des infractions qui n’auraient pas dû les envoyer derrière les barreaux. «Il y a des infractions pour lesquelles on aurait pu, ou on devrait de plus en plus aménager des peines de substitution. Il y a des infractions pour lesquelles l’individu mérite la privation de liberté. Mais, il y a d’autres infractions pour lesquelles la loi a déjà prévu d’autres formes alternatives de peines. Je pense qu’il serait important d’organiser des journées portes ouvertes dans les prisons au Sénégal pour que les Sénégalais puissent voir ce qui se passe dans les prisons. Il aurait été intéressant que les parlementaires puissent venir voir ce qui s’y passe. Quand on visite les prisons, on se rend compte qu’il y’a des problèmes, donc,des défis à relever, mais on relativise beaucoup de choses notamment de l’alimentation des prisonniers», a conclu le ministre de la justice.

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