Réunion secrète au Ministère de l’Intérieur: Ordre du jour, annuler l’inscription de Karim Wade

Le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a présidé une réunion secrète dans les locaux de son département à l’effet d’examiner les voies et moyens d’invalider l’inscription de Karim Wade sur les listes électorales.

Réunion à laquelle ont pris part ses proches collaborateurs, le procureur spécial de la Crei et un membre du Conseil constitutionnel. Deux jours après, le greffier en chef du Tribunal de Dakar reçoit une demande pour la délivrance du casier judiciaire de Wade-fils. Révélations sur une conspiration au sommet de l’Etat.

Karim Wade continue de faire trembler la République. Depuis l’annonce de sa candidature à la présidentielle du 24 février 2019, officialisée par son inscription récente sur les listes électorales, le pouvoir ne dort plus. Toutes les manœuvres politiques et politiciennes sont mises en branle pour écarter Wade-fils de la course au fauteuil présidentiel. La dernière en date remonte au lundi 25 juin dernier. Des informations en notre possession font état d’une réunion qui s’est tenue dans ce sens, à la place Washington. Un seul point était inscrit à l’ordre du jour : comment enlever Karim Wade sur les listes électorales.

Cette rencontre a enregistré la participation du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique lui-même, Aly Ngouille Ndiaye et certains de ses proches collaborateurs, avec notamment son directeur de cabinet, le directeur des élections ainsi que le directeur des affaires générales et de l’administration territoriale (Dagat). Mieux encore, elle a également enregistré la participation du procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) ainsi qu’un membre du Conseil constitutionnel.

Curieusement, deux jours après cette rencontre au plus haut sommet de l’Etat qui a échappé à la vigilance de la presse, c’est-à-dire le 27 juin dernier, le procureur spécial de la Crei a adressé une lettre au greffier en chef du Tribunal de Dakar, en vue de solliciter la délivrance du casier judiciaire n°1 de Wade-fils et ses co-accusé.

Avec de tels manœuvres, tout laisse croire que le pouvoir est dans une logique d’emprunter un chemin inhabituel pour s’opposer à l’inscription de Karim sur les listes électorales…

Cette information mise en relation avec l’actualité de ces derniers jours renseigne sur la volonté du pouvoir de tout mettre en œuvre pour que Karim ne soit pas candidat. En effet, au lendemain de l’annonce de Wade-fils sur les listes électorales, en avril dernier, le ministre de l’Intérieur était monté au créneau pour dire le contraire. C’était lors de son passage à l’Assemblée nationale, dans le cadre du vote de la loi portant modification du Code électoral. Aly Ngouille Ndiaye avait déclaré que Karim Wade n’est pas inscrit sur les listes électorales. «Il faut attendre la publication des listes électorales pour être édifié s’il s’est inscrit ou pas», avait-il affirmé sur interpellation d’un journaliste,  précisant au passage que la carte brandie par Wade-fils dans une vidéo qui circule en boucle sur le net  qu’il s’est plutôt agi d’une «demande d’inscription sur les listes électorales».

 Mais le plus scandaleux dans tout cela, c’est à se demander qu’est-ce qu’un membre du Conseil constitutionnel, qui appartient au pouvoir judiciaire, vient faire à une réunion du ministère de l’Intérieur qui relève d’un autre pouvoir, l’Exécutif. Ce même membre du Conseil constitutionnel fut ancien ministre conseiller spécial du président de la République. Il a été nommé directeur de cabinet de Macky Sall lorsque ce dernier était ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales (août 2003-avril 2004) puis Premier ministre. Il quitta ce poste pour intégrer le corps des Inspecteurs généraux d’Etat (Ige) et finit par intégrer, en fin 2008, le cabinet du président de la République d’alors comme ministre conseiller chargé des affaires juridiques. Il restera à la présidence de la République jusqu’à la chute du régime libéral. Et avec l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, il sera maintenu à son poste avec des compétences élargies.

Mis au parfum de cette situation, le Parti démocratique sénégalais (Pds) reste alerte et promet la guerre au régime de Macky Sall si d’aventure ce que le pouvoir est en train de manigancer venait à être exécuté. «Rien, ni dans la Constitution ni dans aucune autre loi n’interdit à Karim Wade de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Aucune autorité investie de quelque mission que ce soit, aucun pouvoir ne peut violer de cette façon ou manipuler la loi pour obtenir la non-inscription de Karim sur les listes électorales.  Rien ne s’y oppose ! Il n’y aura pas d’élections au Sénégal et Macky Sall ne sera pas candidat si Karim est interdit d’être candidat à la course pour la présidentielle de 2019», réagit un responsable du parti libéral interrogé par WalfQuotidien

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici