Portrait / Voici l’histoire de Moussa Wagué, de l’enfant qui jouait pieds nus au Sénégal…

Samedi dernier, le Barça a gagné sur le terrain de Leganés (1-2). Cette rencontre fut très spéciale pour Moussa Wagué. À cette occasion, le défenseur sénégalais a joué son premier match de Liga sous les couleurs du FC Barcelone lors de cette saison. Acheté à l’été 2018 pour évoluer en équipe réserve, le latéral avait déjà participé à trois matches sous les ordres d’Ernesto Valverde lors du dernier exercice. Depuis cet été, Wagué est devenu un membre à part entière de l’équipe première, portant le numéro 16 qui a été la propriété de légendes du Barça telles Sergio Busquets, Xavi Hernandez, Eusebio ou encore Guillermo Amor, parmi tant d’autres. « Wagué est prêt pour jouer et il l’a déjà démontré la saison passée. S’il est avec nous, c’est que nous le pensons capable d’affronter des équipes comme Leganés », a déclaré Valverde en conférence de presse avant la rencontre. Et effectivement, après un été atypique où il a aidé sa sélection à atteindre la finale de la Coupe d’Afrique des Nations, Wagué était bien titulaire samedi dernier en Liga et a joué 90 minutes en tant que latéral droit du FC Barcelone.

Alors qu’il vient de fêter ses 21 ans, il n’est pas audacieux d’affirmer que la carrière de Wagué vient de décoller. Mais le Sénégalais a déjà effectué un très long chemin avec de multiples obstacles surmontés. « Quand j’avais 6 ans, nous jouions pieds nus avec n’importe quel ballon que nous trouvions. Notre joie se résumait à taper dans un ballon de cuir rond. Ou de plastique parfois (…). Jouer sans chaussure m’a permis de perfectionner ma technique et d’avoir des pieds solides », a expliqué Wagué aux médias officiels du Barça. Le scout qui l’a découvert, Xavi Gilbert, s’est également remémoré cette époque dans les colonnes de La Vanguardia récemment : « C’était un petit terrain sur la plage, impraticable. La plupart des 140 enfants sélectionnés pour cet essai jouaient pieds nus, certains avec des chaussures de plage en caoutchouc des années 1970, d’autres avec des chaussures de football qu’ils se passent de frère en frère jusqu’à ce qu’elles soient inutilisables. » Dans ce contexte, diamétralement opposé à ce que peut offrir La Masia à Barcelone, le talent de Moussa Wagué a commencé à fleurir à Bignona (Sénégal) quand il était enfant. Et depuis il n’a cessé de croître.

À l’âge de 14 ans, à l’occasion d’une détection à Saly (Sénégal), il fut sélectionné pour évoluer sous les couleurs de l’Academy Aspire. « Le jour des tests, je ne voulais pas y aller parce que je devais manquer l’école et j’avais peur que mon père me gronde », se rappelle Moussa, dont la famille est un pilier dans sa vie. « Parfois, on me pose des questions sur mon idole d’enfance… Mais en vrai, ma seule idole est mon père », reconnait-il aujourd’hui. Parti à Saly, à 400 kilomètres de chez lui, le Sénégalais a vraiment accéléré sa progression footballistique grâce à deux entraînements quotidiens au coeur des très bonnes installations de l’Academy Aspire. À cette époque, il s’est spécialisé au poste de latéral droit alors qu’il évoluait milieu défensif auparavant. En un peu moins de 3 ans, Wagué fait le grand saut vers l’Europe pour jouer au KAS Eupen en première division belge. Son entraîneur était alors Claude Makélélé, champion d’Europe avec le Real Madrid, qui lui a appris à être « un guerrier ».

Evoluant en Belgique, Wagué effectue rapidement ses débuts avec la sélection du Sénégal et participe à la Coupe du Monde 2018. Il fait partie d’une génération dorée pour le football sénégalais. « C’est ma famille », admet Wagué. « J’y ai mes habitudes, surtout avant les matches. Nous mangeons notre plat typique (le ‘Thiéboudienne’, plat à base de riz et de poisson), nous dansons ensemble pour évacuer la pression, nous prions ensemble… Certains sont musulmans, d’autres chrétiens. Cela importe peu. Nos prières évoquent la même chose et nous sommes unis vers un objectif commun ». En Russie, le Sénégal fut la première nation éliminée à cause du fair-play, au nombre de cartons jaunes. Mais Wagué a eu le temps de marquer les esprits pendant la phase de poules : grâce à son but contre le Japon, il est devenu le plus jeune buteur africain lors d’un Mondial, à l’âge de 19 ans et 263 jours. Un sceau idéal pour une carrière marquée par la précocité. Un but qui comptera à vie. Celui qui lui a ouvert les portes du FC Barcelone peu après cette Coupe du Monde 2018. Du Sénégal à la Liga, en passant par la Belgique et la Russie.

Telle fut la carrière de Moussa Wagué avant qu’il rejoigne un des meilleurs clubs au monde, dans le meilleur championnat de la planète. Il est ainsi devenu le vingtième Africain à jouer au FC Barcelone et le premier Sénégalais de l’histoire. Certains tels Eto’o, Keita ou Yaya Touré l’ont fait « rêver » quand il était enfant et aujourd’hui c’est lui qui défend les couleurs blaugrana au côté de grands joueurs tels Luis Suarez, Antoine Griezmann, Gerard Piqué, Ter Stegen… et Lionel Messi. « Pour vous dire la vérité, je ne connaissais personne. Enfin à la télévision si évidemment. (…) Et j’ai réalisé qu’ils étaient des gars normaux. Enfin, presque. Je n’ai jamais eu cette sensation avec Messi. Je n’ose pas aller vers lui pour l’instant. Et s’il savait que je portais son maillot quand j’étais petit… Peut-être qu’il me donnera le sien un jour, un vrai ? », songeait Wagué dans les médias officiels du FC Barcelone au mois de juin. Mais tout cela est désormais de l’histoire ancienne, bien avant le match contre Leganés où il fut titulaire, un jour si spécial pour le latéral sénégalais. Un rêve devenu réalité. Une étape de plus dans une carrière pleine d’objectifs accomplis… avant d’en franchir bien d’autres.

En-Nesyri a mis à mal le FC Barcelone de Wagué avec un golazo

Le match entre Barcelone et Leganés a mis en évidence un autre grand acteur venu d’Afrique. Le Marocain Youssef En-Nesyri, attaquant de Leganés, a réussi un des plus beaux buts de cette journée de Liga. Son tir enroulé du gauche, niché dans la lucarne de Ter Stegen, a enflammé les supporters venus à l’Estadio de Butarque et a fait vaciller le leader du championnat. C’était le troisième but de l’international marocain lors des trois derniers matches de championnat. Cet état de forme exceptionnelle sera essentiel pour aider Leganés, dirigé par Javier Aguirre, qui manque grandement de points. Par ailleurs, le défenseur central nigérian Kenneth Omeruo était titulaire avec Leganés pour la deuxième fois consécutive sous la conduite de l’entraîneur mexicain.

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