Rencontre CENA-Missions d’Observateurs : Ces questions qui préoccupent

La Commission électorale nationale autonome (CENA) a reçu ce vendredi, 22 février, dans ses locaux, les Missions d’Observateurs électoraux de la CEDEAO, de l’Union africaine et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Des délégations conduites, entre autres personnalités, par Yayi Boni, ancien président de la République du Bénin, Patrice Emery Trovoada, ancien Premier ministre de Sao Tome-et Principe.

« Nous avons mesuré la gravité de notre mission »

« Les élections se sont succédées mais celle de cette année revêt un caractère tout à fait particulier parce que c’est la première fois qu’à une élection présidentielle, on a appliqué le parrainage. C’est-à-dire un filtre pour permettre d’avoir des candidatures de qualité pour une compétition de qualité à l’endroit de ceux qui aspirent à présider aux destinées du Sénégal », campe Doudou Ndir, président de la CENA. Qui ajoute : « Cette rencontre d’aujourd’hui, revêt à mes yeux un caractère singulier puisque c’est la première fois que nous recevons une délégation conjointe composée à la fois de la CEDEAO, de l’UA et de l’OIF, conduite respectivement par un ancien chef d’Etat et deux Premiers ministres et qui compte en son sein des généraux et le commissaire aux affaires politiques de la CEDEAO. Je ne sais pas qu’est-ce qui nous vaut cet honneur ? Si c’est la dimension de notre pays ou est-ce l’importance du scrutin ? En tout cas, c’est un suffisamment rare pour ne pas être souligné. »
En ce qui nous concerne l’organe de supervision et de contrôle qu’il dirige, promet-il : « Nous avons mesuré la gravité de notre mission et l’importance qui devait s’y attacher. Nous nous évertuerons de la mener au mieux des intérêts de notre pays pour consolider notre qualité sinon notre label d’Etat de droit déjà rompu à cette compétition. »

Les préoccupations des missions d’observateurs

Dans le cadre de cette mission, précise Yayi Boni, l’observation consiste, d’abord, « en réalité, à nous assurer que les structures du processus peuvent conduire à un scrutin transparent, crédible et juste. » Aussi, poursuit-il : « Depuis que nous sommes arrivés, nous avons rencontré un certain nombre de structures dont la CENA, un des piliers du processus ». Il s’agit, « entre partenaires, de voir dans quelle mesure, compte tenu des informations que chacun a collectées, identifier les difficultés de dernières heures et voir comment avec les autorités et les candidats aboutir à lever ces difficultés. » Notamment sur « la question liée au dialogue politique entre certains candidats et le candidat sortant » avec « la mise en place d’un cadre pour être au même niveau d’informations. » Ce, pour qu’« à l’heure du bilan, qu’il n’y ait pas de cacophonie. » Car, « s’il y a une discordance des voix, cela peut déstabiliser le scrutin », renchérit Yayi Boni. Qui souligne : « Le Sénégal est un grand pays au rôle de leadership au niveau de la CEDEAO, du continent d’ailleurs et du monde, je n’exagère pas. » S’agissant de la forte représentation, l’ancien président du Bénin de répondre : « Ce qui concerne le Sénégal, nous concerne également. C’est pourquoi nous sommes là. »

Les interrogations de la délégation portent sur les prérogatives de la CENA notamment de son pouvoir de « dessaisissement » des organes chargés des opérations électorales. Sur ce point, des candidats de l’élection présidentielle du 24 février 2019, ont émis des doutes que le chef de délégation de la CEDEAO a ainsi rapportés. « Est-ce que dans le cadre de ses actions, la CENA a déjà eu à décharger un organe de ces opérations, dans le cadre du processus électoral ? Une autre question : Avez-vous déjà visé le point de ramassage des procès-verbaux des dépouillements ?

Les assurances de Doudou Ndir, président de la CENA

La réponse de Doudou Ndir : « La CENA a une mission générale de correction de tous les dysfonctionnements constatés, de dessaisissement dans le cadre des opérations électorales, le dessaisissement des autorités administratives. Elle a également un pouvoir de substitution d’actions. Enfin, un pouvoir d’annulation. C’est des décisions qui ont été inscrites effectivement dans le code électoral dans la partie consacrée aux pouvoirs de la CENA. Le dessaisissement, puisque c’est la question que vous avez posée, concerne les opérations électorales et visent les autorités administratives. Il est arrivé de procéder à de telles opérations parce que tout simplement il y a des actes des autorités administratives qui ne sont valables qu’autant ils ont reçu le visa de la CENA. Par exemple, du bureau de vote, il faut obligatoirement que la composition du bureau de vote soit sanctifiée par la CENA. Et, il est arrivé que des autorités soient amenées à devoir prendre des décisions si celles-ci ne le font pas la CENA peut se substituer à elles et prendre les décisions qui conviennent dans le cadre des opérations électorales. »

Dialogue politique

Introduit par le président de la CENA, l’Ambassadeur Seydou Nourou BA, ex-président du comité de concertation sur le processus électoral qui a intégré par la suite l’organe de supervision, indique « qu’il y a eu des efforts de dialogue mais il y a des partis politiques qui n’ont pas voulu participer à ces rencontres d’échanges et c’est leur droit. »

Fichier électoral

Sur la question du fichier électoral, une autre des préoccupations des délégations, Issa Sall, le président du comité de suivi des recommandations du fichier, rappelle l’audit (dudit) fichier financé par l’Union européenne. Ce, pour dire qu’un rapport a été publié et qui a permis de faire un constat selon lequel « le fichier est bon pour faire des élections. » Aussi, rassure-t-il, les cartes d’électeurs ont été distribuées à hauteur de 97%. Le problème fondamental, clôt-il, c’est le manque de confiance entre les différents acteurs.

Ramassage des Procès-verbaux (PV)

Poursuivant, il ajoute que pour le ramassage des PV, « qu’il « y a deux ramassages : celui de la CENA et celui des PV officiels. » Il explique : « Dans chaque bureau de vote, il y a un PV officiel et des copies de ce PV remises à chaque représentant de candidat, à la CENA et un dernier à l’autorité administrative de la circonscription. Le PV officiel est envoyé à la commission départementale de recensement des votes. La CENA accompagne ce PV jusqu’à ladite commission. Il y a un convoi qui ramasse les PV avec la CENA et mêmes les représentants des candidats s’ils le veulent, ils peuvent l’accompagner. Quand cela arrive à la commission de recensement des votes, c’est un magistrat plus deux assesseurs qui président, qui reçoivent le PV. Ils l’ouvrent devant les représentants des candidats et chaque candidat ayant son PV, ils peuvent vérifier de la fiabilité de ce PV officiel. La CENA est aussi présente. »
Après la CENA, Yayi Boni et sa délégation se sont rendus dans les locaux du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), où ils ont été reçus par le président de l’organe de contrôle, Babacar Diagne, et son équipe.

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