L’année scolaire qui vient d’être sauvée in extremis par un énième accord entre l’État et les syndicats d’enseignants nous rappelle que l’Ecole sénégalaise est dans des turbulences chroniques. Sauver une année est certes une bonne chose mais c’est l’Ecole sénégalaise elle-même qu’il faut sauver. Personne n’est satisfait de sa situation actuelle : État, enseignants, apprenants, parents, entreprises, tout le monde se plaint à une échelle ou une autre.
Notre école n’enseigne ni le moral ni le spirituel et exclut, au nom de la laïcité athée française, toute référence à nos religions et à nos valeureux héros. Les épopées et les enseignements des Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadj Malick Sy, Seydina Limamoulaye et tous les autres fondateurs y sont absents.
Toutes ces turbulences de l’Ecole sénégalaise sont une logique interne, une résultante directe de l’ensemble des contradictions d’un système colonial non encore démantelé.
Pour sauver l’Ecole sénégalaise, il faut une véritable révolution silencieuse. Casser tous les codes coloniaux. Apprendre avec nos langues notre histoire, nos héros, notre géographie, nos richesses, nos défis. Apprendre comment créer, inventer, innover. Enseigner nos fois, nos vertus, nos valeurs. Bâtir les ponts entre l’école et le monde tel qu’il est et tel qu’il sera. Façonner le Sénégalais et le Sénégal de nos rêves.