«Serzent Enséné, moi vouloir oranze. Toi donnez moi ! »
«Non. Moi pas donner toi dessert. Toi, y a pas être dans commune»
«Ah si Serzent Enséné ! Moi Ndar-ndar, pire citoyen, depuis loi Blaise Diagne 1946 même. Toi pas connaître loi 1914 et 1916 ? »
«Ok, ok, Doudou, toi avoir dessert, banane. Souris, souris. Fait banane»
«Oui, moi sourire serzent. Moi différent deh autres nègres sauwasses ».
Bord… !
Mais qui m’a fou.. cette peau de banane sous la semelle ?
Qui a donné ce Pénalty ? Penalties sur penalties depuis quelques temps devrais-je dire. Qui m’a livré à la meute. Pardon à la jungle des sans pitié. Dans le nouveau monde des vertueux du virtuel. Ce sanctuaire de la virginité des temps modernes. Immaculée abstraction sans fin dans lequel silence et action se réduisent à rien. Le prix du néant.
Mais, je devrais savoir quand même que plus rien ne sera comme avant. N’est-ce pas ?
La société de l’information a pris le dessus sur celle industrialisée, quand bien même mon Sénégal ne le serait point. Juste une esquisse et encore. Mais oui, il serait de bon ton et pour notre gouverne, les politiques que nous sommes je veux dire, leaders, et puis tous ces autres, n’importe qui d’important ou pas, nous le disons une bonne fois pour toute. Jamais l’expression : « le sage tourne sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler » n’a été autant d’actualité.
Il faut savoir la fermer. Faire du surplace. Ne plus exister. Même pas respirer. Mourir. Le monde nouveau l’exige, surtout de ceux qui ont tout à perdre.
Cela dit, il ne faut pas aller trouver dans ce peuple du nouveau monde le pêché virtuel. Il ne fait que l’amplifier, au grand dam de la triche, de la fornication, du vice, de la bêtise, de la méchanceté, des mauvaises pratiques. Tel se veut ce nouveau monde. Directeur de conscience. Objecteur à souhait. Le Sénégal n’y échappe. Les Sénégalais, aussi horizontaux que ne l’est l’intelligence artificielle, l’ont si bien compris que c’est à prix d’or qu’ils s’arrachent les téléphones. Au bas mot : une personne – trois numéros. Rapport de connexion. La tendance KON YESS. De quoi donner certes plein de sous aux toubabou d’Orange et Tigo, mais de quoi exister aussi. C’est bon d’avoir son Androïd, mieux encore : être connecté.
«Y a bon connexion Internet. J’existe. Enfin, je vais pouvoir dire les choses. Faire comprendre à Nobel que je suis aussi bon sinon meilleur que ses lauréats ».
Diantre ! Mais qu’est-ce qu’il arrive à nos hommes politiques pour qu’ils fourchent comme il n’est pas permis. Non ! Qu’on ne vienne pas me parler de lapsus linguae. Hum hum ! J’ai bien entendu et j’en suis tombé raide dingue. Non pas de Dengue, mais je n’en étais pas loin.
Sans vouloir manquer de respect au président de la République, mais sur cette question du tirailleur sénégalais du Sénégal et du dessert, il convient d’admettre qu’il a raté une bonne occasion de ne rien en dire. Et croyez-moi que c’est parce que je veux être poli avec lui, il est quand même mon chef d’Etat, que je n’use pas de la bonne expression.
Pardieu ! Moi le Noble au Sang bleu Ndiadiane Ndiaye, qui en ai mis plein aux Boches qui n’ont vu du reste que le feu de mon pétoire de Cauchat de marque française, je n’en avais rien à fiche de ces bougnoules de blancs becs. Bananes, tu parles, ils m’ont trouvé en train d’en donner à mes singes. Les desserts, suis né dedans, j’en donnais à mes bougnouls. Faut pas me fâcher là. Mais oh, qui conseille le Président là !
J’ai envie de lui rappeler un truc qu’avait Démonicos 4 siècles avant le Jésus. «Prends la parole dans deux circonstances, ou quand il s’agit de choses que tu sais parfaitement, ou quand la nécessité l’exige. Dans ces deux cas seuls la parole est préférable au silence ; dans tous les autres, il vaut mieux se taire que de parler pour ne rien dire». J’ose espérer que le Prési ne s’était pas vu si beau après la bourde de l’autre libéral et adversaire qu’il s’en était extasié au point d’apostasier son cerveau. Comme quoi le malheur des uns ne fait pas forcément le bonheur des autres. Et à accumuler bourde sur bourde, il y a de fortes de chances de terminer l’aventure sale et à sec.
Charles FAYE