Adulé par les uns, critiqué par les autres, Didier Raoult a ce don d’installer la controverse. A l’origine du débat revient l’efficacité avérée ou douteuse d’une molécule: l’hydroxychloroquine. En fait qui est cet homme atypique ?
La planète traverse une crise sanitaire, sans précédent. La panique s’installe. Le Coronavirus impose sa loi. Il n’épargne personne: pauvre, riche, blanc, noir, jaune…seul mot d’ordre trouver un remède contre cette saleté de virus. Les scientifiques s’épanchent dessus, en attendant de découvrir un traitement efficace, la recommandation est de rester chez soi, porter un masque et surtout se laver les mains, avec du savon ou utiliser du gel désinfectant hydroalcolique. Tout à coup surgit un homme. Jusque-là inconnu du grand public. Il s’appelle Didier Raoult. Il envahit les écrans, préconisant depuis Marseille, pouvoir soigner les malades du Covid-19, avec un antipaludéen bon marché: un mélange d’hydroxychloroquine et d’azithromycine et le tour est joué. En ce début de pandémie, les farceurs raillent ce professeur chevelu, à la quête de son quart d’heure de gloire. Des spécialistes du milieu médical qui connaissent son impressionnant CV vont portant lui tailler, pendant plusieurs semaines, un costume de «charlatan» et de «fou furieux». Plus tard, on saura avoir à faire avec un microbiologiste de renommée internationale. Il est traqueur de bactéries jusqu’en Afrique, de surcroît découvreur de virus. Raoult est aussi auteur de travaux pionniers, sur une centaine de nouveaux bacilles, dont certains portent son nom (Raoultella planticola ou Rickettsia raoultii), fin connaisseur des maladies telles que le chikungunya, Ebola, Sras, Mers-CoV… entre autres pathologies. N’empêche. La polémique s’installe, enfle.
L’enfant de Dakar
L’affaire prend de l’ampleur. Désormais, le monde entier parle de ce professeur, jusque là méconnu du grand public. Didier Raoult est au cœur des débats, souvent controversés. Lynché par ici, soutenu par là, lui reste droit dans ses bottes. Il reçoit le réconfort de stars telles que: l’ancien footballeur français Eric Cantona, le rappeur Booba, Laeticia Hallyday, la veuve de Johnny Hallyday et même au-delà des frontières françaises : Donald Trump est persuadé que la chloroquine, comme le prédit Raoult «pourrait faire l’affaire». Au-devant de la scène bon gré, malgré, alors les journalistes s’intéressent de plus près, à ce personnage atypique au look peu ordinaire. Son père était médecin militaire, longtemps en poste au Sénégal, pays où né le petit Didier Raoult. Il a vécu en face de l’institut Pasteur de Dakar, avant de quitter la capitale sénégalaise, à l’âge de 9 ans. Sa femme Natacha est psychiatre et romancière. Didier Raoult est âgé de 68 ans.
Des statistiques qui prouvent les mérites de l’hydroxychloroquine…
Didier Raoult a depuis qu’il est au devant de la scène ouvert son propre compte Twitter. Il poste souvent des statistiques qui, selon lui, prouvent les mérites de l’hydroxychloroquine. Pendant ce temps ses soutiens affirment mordicus que l’industrie pharmaceutique dénigre le remède du professeur, pour créer plus tard, un vaccin miracle qui leur fera empocher des centaines de milliards. Qui a tort ? Qui a raison ? En tout cas, la majorité des pays d’Afrique francophone, du Maghreb et une partie des pays anglophones appliquent dans leurs hôpitaux le protocole de traitement à base d’hydroxychloroquine. De ce qu’il en revient, le protocole serait plutôt efficace. «Chez tous les patients qui ont bénéficié du traitement à base d’hydroxychloroquine et qui ont consulté précocement, aucune complication n’a été notée, encore moins de cas de décès», constate le professeur Moussa Seydi, Chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de Fann. Seul l’avenir dira si Raoult a raison. Il reste optimiste, s’inscrivant en faux, avec ses collègues contradicteurs qu’ils nomment les «petits marquis parisiens».