Thierno Bocoum: « Pourquoi j’ai témoigné en faveur d’Idrissa Seck »

Président du mouvement Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (AGIR), Thierno Bocoum a été l’invité du Grand Oral. Sur les ondes de la 95.5 Rewmi FM, Thierno Bocoum est revenu sur les sorties de son ex mentor, Idrissa Seck, la crise universitaire, l’affaire Karim Wade, entre autres, sujets d’actualité. Morceaux choisis.

 Votre témoignage en faveur d’Idrissa Seck

Effectivement, j’ai eu à faire un témoignage en faveur du Président Idrissa Seck pour dire simplement que j’ai eu à le fréquenter et je le connais. C’est quelqu’un qui aime le Coran, c’est quelqu’un qui respecte les préceptes de l’Islam, c’est quelqu’un qui adore le Prophète Mouhamed (Psl). C’est un témoignage d’un musulman envers un autre musulman. Je ne suis plus dans le parti Rewmi. Je suis dans mon mouvement, mais par honnêteté et par devoir d’un musulman, de dire la vérité sur cette question. Car, je constate que la polémique a pris une certaine ampleur de sorte que certains sont allés même jusqu’à remettre en doute le fait qu’il soit même un musulman. Moi je suis un musulman, je suis Sénégalais et les critères pour lesquels on désigne un musulman nous les connaissons. Ce sont les 5 préceptes de l’Islam et je ne pouvais que témoigner que le Président de Rewmi respecte les 5 préceptes de l’Islam. Maintenant, je n’entre pas dans le débat de fond parce que je considère qu’il y’a eu une erreur de sa part et que lui-même a présenté ses excuses. Donc, je pense qu’on devrait dépasser cette question. D’autant plus qu’en tant que musulman, nous comptons tous sur le pardon pour pouvoir accéder au paradis. On ne doit pas continuer à s’attaquer à quelqu’un de notre religion qui a demandé pardon. Même si ça concernait quelqu’un d’autre qui n’est pas de notre religion, à plus forte raison un musulman qui demande pardon.

Guerre confrérique dans les raisons sociales ?

Je compte fortement ceux qui, par l’entremise de la politique, tentent d’apporter des confusions ou des frictions entre les tarihas dans notre pays. C’est irresponsable. Je considère que ceux qui prennent la parole pour orienter les choses sur la mouridité ou le tidjanisme d’un tel ou d’un tel autre, ce n’est pas sérieux, ce n’est pas normal et ce n’est pas responsable. Je suis un homme politique, mais je dis que nos chefs religieux ont eu à installer des valeurs et des principes à les sauvegarder jusque-là. Qu’on épargne ce pays-là de combat entre tarihas ou des tentations ou des tentatives d’orienter des décisions quelconques ou une prise de parole quelconque sur des questions de tariha. Je considère qu’il faut qu’on soit vigilant sur ces questions-là parce qu’il y va de la paix sociale, de la cohésion religieuse. C’est très dommage qu’on en arrive à cette situation, mais je suis rassuré par les propos de nos chefs religieux qui ont appelé au calme. Et qui véritablement souhaiteraient qu’on sorte de cet épisode-là et qu’on soit sur autre chose. Chacun peut avoir ses propres croyances, mais qu’on n’essaye pas de faire en sorte que ce que nous avions comme acquis en termes de relation entre confrérie soit bafoué.

La crise universitaire

Je pointe du doigt le gouvernement sénégalais. Je pense que ce gouvernement n’a pas été prévoyant. J’ai l’habitude de dire que nous avons des dirigeants qui ne s’aménagent pas les moyens d’avoir une force d’anticipation, d’avoir une force de discussion, mais nous avons des dirigeants qui ne travaillent qu’à avoir une force d’intervention. On ne pense qu’à intervenir et malheureusement la conséquence c’est qu’il y’a eu mort d’homme. Il n’y a pas eu de prévention. Pourtant, il y avait mort d’homme avec Bassirou Faye. Les mêmes causes font toujours les mêmes effets. Je considère aujourd’hui qu’il y a une certaine irresponsabilité de ce gouvernement. On ne peut pas pour un pays comme le Sénégal, pour une question liée à des étudiants, qu’il y ait autant de laxisme (…). Après la mort de Bassirou Faye, le Président avait pris des mesures fermes pour que les bourses soient payées avant le 5 du mois. Cela a été respecté jusqu’à un certain moment donné, puis ça n’a plus été respecté. C’est ce laxisme qui a conduit aujourd’hui qu’on puisse intervenir dans le campus social et qu’il puisse y avoir ces dégâts-là. Je pense qu’on doit s’arrêter pour s’orienter sur les causes. Malheureusement, on met l’accent toujours sur les conséquences. Il faut régler définitivement la question des bourses. Globalement, il faut revoir la question de l’enseignement supérieur. On injecte beaucoup d’argent pour des bourses, pour des facilités, mais on se rend compte que les étudiants ont deux options. La première c’est d’aller faire des concours et la deuxième c’est d’aller dans le monde de l’emploi (…). Par ailleurs, j’apprécie les mesures sociales du Président d’augmenter les bourses et de diminuer le prix des tickets. Maintenant je me pose la question de savoir si l’Etat a la possibilité de payer des bourses, il doit avoir la possibilité d’éponger ces dettes au niveau des universités privées, d’éponger ces dettes au niveau de Ecobank, d’éponger ces dettes au niveau du secteur privé national,… Finalement j’ai peur que ça soit une promesse de précampagne liée aux élections à venir. J’espère que ce n’est pas le cas. C’est important que la parole de l’Etat redevienne crédible.

Affaire Karim Wade

Sur la maison du Point E, je trouve que ce n’est pas décent. Le Président Wade, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, c’est un homme politique qui a eu à avoir des adversaires, qui a eu à avoir des souteneurs, mais qui a marqué ce pays-là avant même qu’on ne parle du Président Macky Sall ou de qui ce soit. N’oublions pas qu’il fait partie des premiers opposants dans ce pays, n’oublions pas qu’il a contribué à construire une démocratie dans ce pays, n’oublions pas qu’une fois au pouvoir, il nous a laissé énormément de choses, notamment en termes de réalisation et d’acquis démocratiques. On ne peut aujourd’hui en faire un sdf (sans domicile fixe) dans notre pays. C’est inacceptable et nous ne l’accepterons pas. C’est vrai qu’il y a eu des démentis. On espère qu’ils ont raison parce que nous ne l’accepterons. Si par hasard un jour ou l’autre on s’en prenait à cette maison, je ferais partie des gens qui seront devant la maison et qui s’y opposeront. Maintenant on peut lui reprocher telle ou telle chose, ça c’est politique, mais de là à lui denier tout et de le ramener à un niveau de sdf dans son propre pays, ça c’est inacceptable.

Thierno Bocoum, candidat à l’élection de 2019 ?

C’est une probabilité. C’est ce qui se passe, c’est que nous avons créé notre mouvement qui s’appelle l’Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (AGIR), après un constat amer de l’état d’avancement de notre pays dans tous les secteurs. Nous considérons qu’il faut un changement de paradigme complètement et sur énormément de questions. D’ailleurs, depuis le début, nous ne cessons de travailler sur toutes les questions pour mettre en place un programme dans ce sens et qui va être axé sur un changement de paradigme. Donc, si on veut changer les choses, on se met là où on change. Ce n’est pas en faisant des calculs ou en essayant de contourner certaines choses, etc., comme le font souvent certaines personnes, qu’on va y arriver. Comme nous ne voulons pas de continuité, nous travaillons à être là, nous travaillons à être présents et on appréciera. Nous ne l’excluons pas, mais nous comptons travailler jusqu’à ce que les Sénégalais décident de changer la donne. Macky Sall a mis beaucoup d’obstacles sur la route des potentiels candidats, mais nous travaillons à les relever. En le disant, je pense au parrainage, à la caution, bref je pense à tout. Par ailleurs, je dois vous dire que notre mouvement marche très bien. Bientôt, vous allez nous entendre sur la question.

Sources: Rewmi Quotidien

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