L’artiste sculpteur Ousmane Sow est décédé ce jeudi. Il était âgé de 81 ans. Kinésithérapeute de formation, ce membre de l’Académie des Baux-Arts n ‘a fait de la sculpture son métier qu’à l’âge de 50 ans. Le bronze était sa matière de prédilection.
SeneWeb présente ses condoléances à la famille de l’artiste et au monde de la Culture.
Ousmane Sow : Difficile de croire qu’il a été Petit !
Il est parti l’Epée à la main. Ousmane Sow, devenu Immortel en 2013, est décédé ce matin, à l’âge de 81 ans.
A la mesure de ses œuvres, démesurées, impressionnantes et éclectiques, Ousmane Sow est un des plus grands artistes d’Afrique et de la diaspora. Il est devenu Immortel en s’asseyant au fauteuil du peintre américain Andew Wye, dans la salle de l’Académie des Beaux Arts de France. C’était en 2013. A 78 ans, il devenait le premier noir, membre associé, à être accueilli dans cette assemblée, après Léopold Sédar Senghor.
Après son installation à l’Académie des Beaux Arts à Paris en décembre 2013, le beau géant au poil grisonnant a signé son retour au pays natal. A travers une exposition Off de la Biennale de 2014, le Sénégal a rendu un hommage à l’académicien qui a choisi de ramener quelques unes de ses œuvres les plus abouties et les plus connues ainsi qu’une petite sélection de sculptures qui ont été présentées pour la première fois au Sénégal.
Certainement, ce fut la dernière du grand maître, dont les œuvres ont voyagé partout dans le monde.
Géant à l’épée Nouba
Ses « géants debout», issus de ses séries Nouba, Massaï et Peulh qui ont émerveillé des dizaines de milliers de spectateurs sur le Pont des arts à Paris. Il y a plus de quatorze ans. Et depuis, ils continuent de fasciner le monde. Les sculptures de Ousmane Sow racontent les moments décisifs et condensent des scènes de vie anodines de ces peuples. A travers ses représentations, il nous fait percevoir l’univers intime de ces peuples d’Afrique.
Sur une armature faite de métal, de paille, de toile de jute et de sable, il apprend à modeler les corps grâce à une mixture longuement macérée dont lui seul détient le secret. L’un des must de sa création : sa série Nouba. Scandalisé par le fait que ces hommes doivent être exterminés, l’artiste entreprend de les faire immortaliser à travers la sculpture. Une série de peinture dense où l’on retrouve des guerriers lutteurs et des scènes représentant des Noubas nus. Et dont la nudité pourrait choquer les plus puritains. Même si la représentation des corps et de la nudité dérange dans une société composée en majorité de musulmans, Sow tient à les représenter tels qu’ils vivent dans le Sud Soudan, tous nus.
Autre aspect de la culture Nouba qu’il immortalise chez ce peuple. Le combat, qui est avant tout un langage spirituel et une façon de mesurer son courage. Il le raconte dans son autobiographie : Même, Ousmane Sow a été petit. « C’est aussi cela l’Afrique. On lutte pour conquérir l’espace, on lutte pour conquérir la femme qu’on aime, la lutte est une façon d’exister, de reconnaitre l’autre ». Dans l’ouvrage, l’on nous explique le rituel qui accompagne ces combats. « Les lutteurs peignent le corps et le visage. Ils savent pourtant qu’en combattant, ils courent le risque de se faire défigurer. Quant aux femmes Nouba, elles se mettent en valeur par des scarifications, sortes d’arabesques faites de petites incisions pratiquées sur la peau. A la fin de l’affrontement, elles ont le privilège de choisir leur mari en passant leur jambe par-dessus l’épaule ».
Ses géants, à la fois, si vivants et silencieux, constituaient l’œuvre de sa vie. Et ont bâti sa réputation. Mais ces dernières années, Ousmane Sow s’inspirait des grandes figures qui ont marqué sa vie. Son père, son héros. A côté : Gandhi, Mohamed Ali, Martin Luther King, le Général de Gaulle, Victor Hugo, Nelson Mandela. Qu’il vient de rejoindre dans l’Eternité. Tous, Immortels