TUERIE AU MALI : BAABA MAAL CRIE SON INDIGNATION

« Trop, c’est trop ! » Ainsi s’est indigné l’artiste-chanteur, Baaba Maal, suite au massacre du village peul d’Ogossagou au Mali où plus de 135 morts ont été enregistrés. Meurtri, l’artiste interpelle « davantage la communauté sénégalaise et celle internationale. » Ce, pour dire « que nous avons le devoir d’élever la voix, de faire appel à tout un chacun pour ce qui vient de se passer tout récemment au niveau du Mali, ne puisse plus se passer. J’ai fait une vidéo qui est sortie dans les réseaux sociaux mais c’est pour dénoncer tout cela. Avec les images nous pouvons le faire pour crier haut et fort que trop, c’est trop. Nous vivons au 21ème siècle, nous en tant qu’Africains, nous avons beaucoup de priorités autres que de montrer cette Afrique poussée à la violence. Assez, c’est assez. Les artistes, les musiciens, les comédiens, les réalisateurs, les journalistes, nous tous ensemble, nous pouvons faire que cela ne puisse plus se reproduire. » Baba Maal a lancé son plaidoyer à l’occasion du lancement, ce lundi, 25 mars, à la Maison de la culture Douta Seck, de Full art académie. Un projet conceptualisé par le réalisateur Papis Niang du label Art bi management.

Le combat de l’initiateur

« Au Sénégal, le cinéma est encore en chantier, a relevé Papis Niang. Full Art académie n’est rien d’autre qu’un cadre de formation capable d’accueillir des jeunes pour les former et les encadrer en techniciens de lumière, de sons, des comédiens, des acteurs mais aussi produire et de la musique et du cinéma parce que nous sommes un produit de la musique. On ne peut pas finir notre carrière sans pour autant tendre la main à des jeunes qui nous regardent, qui nous envie et qui nous disent tous les jours, on veut devenir comme vous. A notre niveau, on veut créer des techniciens capables de séduire à travers leurs caméras, leurs images, etc. On a vu avec l’influence des plateformes, des sites internet. Si on ne fait pas attention, on risque de perdre les techniciens. On va juste avoir quelqu’un avec son stabilisateur et son iphone, qui parvient à couvrir un évènement alors que pour une telle couverture, il faut une équipe, un caméraman, un preneur de son, un bagagiste, quelqu’un qui assure la lumière. Ça, il ne faut pas qu’on le perde, il ne faut pas laisser l’appareil faire le travail des hommes. C’est cela notre combat. »

Le mot du parrain d’honneur

Parrain d’honneur du projet, Baba Maal a exprimé toute sa satisfaction d’avoir été choisi : « Je suis très content d’être associé à ce projet de structure de formation. Avec Papis, je suis vraiment optimiste par rapport à ce que cette jeunesse et la culture peuvent réellement amener comme révolution. Il faut qu’on aille vers une révolution. Tant de bonnes choses sont réalisées ici au Sénégal surtout dans le continent (africain) au regard de tous les films réalisés par Djibril Diop Mame Betty, que ça soit Sembène Ousmane. Notre devoir, c’est de tout faire pour que ce cinéma puisse continuer à vivre mais pour cela, ce qui me réconforte, c’est que Papis est venu me dire ce que j’avais voulu entendre, que pour faire la différence, il va falloir qu’on s’appesantisse sur la formation. C’est plus qu’important. »

Aussi, « nous avons sur le continent toutes les histoires qui fascinent maintenant les grands réalisateurs. On a, dans notre histoire tous les personnages qui peuvent être l’objet d’une réincarnation dans le cinéma. On peut parler de Chaka, de Soundiata Keïta, de Samory Touré, de Lat Dior. Autour de toutes ces personnes, nous savons qu’il y a des histoires qui sont là et qui peuvent intéresser quelqu’un qui écrirait des scénarios pour en faire un film qui courrait le monde comme Black Panthers. Alors, il reste la formation au cinéma africain pour pouvoir être compétitif. J’ai donné mon engagement à Papis. Pourquoi je l’ai fait ? Je n’ai plus le droit de tourner le dos au cinéma. Après avoir fait plus de dix (10) participations dans la composition de la musique de film, je pense que ce serait malhonnête de ma part de ne pas aider le cinéma sénégalais dans mes possibilités, d’accompagner des jeunes, dans la formation parce que c’est avec l’éducation qu’on peut faire la différence, qu’on peut aller en compétition avec les autres. Il est du devoir de notre Etat, de nos administrations de les soutenir. »

Enfin, « c’est que vous avez là un secteur qui est très important pour l’éducation de nos peuples. Cheikh Hamidou Kane a dit qu’il est convaincu que pour continuer à éduquer la jeunesse africaine, il va falloir qu’on utilise davantage l’image parce que tous ces jeunes qui ont 12, 13 ans, qui regardent des vidéos à l’insu de leur parents, sont beaucoup plus proches de ce qu’ils voient que ce qu’ils lisent. C’est dommage les livres très important mais les images font le buzz dans le cœur de ces jeunes. Donc, vous avez du pain sur la planche. »

Depuis sa participation en 1988 à l’album Passion de Peter Gabriel qui compile les musiques du film The Last Temptation of Christ, Baaba Maal enchaîne les succès dans le domaine du cinéma. Le roi du ’’Yela’’ a participé dans dix (10) films à succès dont ’’Why do fools fall in love’’ avec Halle Berry comme actrice principale et la série culte ’’Sex in the City’’. Au Sénégal, sa musique est associée au film culte de Sembène, ’’Guelewar’’ en 1998.

La séance a démarré par une minute de silence en hommage à Issa Cissokho, qui fut saxophoniste du groupe Orchestra Baobab et du Super Etoile de Youssou Ndour, décédé dans la nuit de dimanche à lundi à l’âge de 73 ans.

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